Les hasards du calendrier font que cette année 2004 est à la fois le centenaire de la mort d’Antonin Dvorak, figure emblématique du romantisme tchèque et la date d’entrée de dix pays dans l’Union Européeenne, dont plusieurs d’Europe centrale. Faisant abstraction de toute considération politique, il nous est apparu intéressant de marquer à notre façon cette réunion dans le « concert des nations » de pays fortement ancrés dans l’héritage culturel européen, qu’ils ont contribué à façonner.
La fécondité artistique du XIXe siècle en est l’illustration particulière, à une époque où les génies musicaux ignoraient les frontières d’une Europe divisée et souvent en conflit. Ainsi, la vie trop courte mais fulgurante de Félix Mendelssohn est faite d’interactions incessantes avec tous les grands musiciens de son temps, de Berlin à Naples, et de Paris ou Birmingham à Vienne. Dvorak à son tour, quelques années plus lard, réussira la symbiose entre son inspiration slave et les influences nordistes de Brahms et plus méridionales de Schubert, avant de se faire le lien avec le nouveau monde.
Les choristes et musiciens du CHU de Rouen, sans se laisser intimider par la hardiesse des œuvres mises au programme de ce nouveau CD, sont heureux de vous les présenter avec tout leur enthousiasme. De défi en défi, notre groupe atteint un peu l’âge de raison : le choeur passera cette année la barre des quinze ans d’existence, dont dix sous la direction de son chef actuel, et l’orchestre soufflera ses dix bougies en décembre, en repensant à ses débuts héroïques lorsque les premiers membres de «Medimusicus» se comptaient sur les doigts d’une main.
Pour tous ceux qui ont croisé le chemin de notre groupe au cours de ces années, qui lui ont accordé leur participation active, leur amitié et leur soutien, que ces moments musicaux soient l’expression de notre chaleureuse reconnaissance.
Le programme
Dans ce chef d’œuvre de l’art polyphonique, Mendelssohn montre toute l’expérience acquise par l’étude des œuvres de 6. Palestrina et de J.-S. Bach et son sens de la nuance dans l’utilisation des moyens vocaux et instrumentaux. Les différents pupitres du choeur et de l’orchestre s’unissent tour à tour avec la soprano solo pour interpréter le Psaume 42 de Mendelssohn. Trois grands choeurs en tutti encadrent l’œuvre. Les airs de la soliste, seule ou en dialogue avec les voix de femmes ou d’hommes, ponctuent les différents versets du Psaume 42. Une progression dramatique remarquable au fil de l'œuvre entraîne de l’aspiration presque angoissée du début (“Comme le cerf assoiffé, mon âme a soif de Dieu”), au travers de phases d’élan et de doute (n° 5 : “je n’ai jour et nuit que pleurs"), vers la confiance d’un final grandiose de sérénité.
La 8™"’ symphonie en sol majeur d'Antonin Dvorak est une des œuvres les plus abouties du célèbre compositeur tchèque. Elle fourmille de réminiscences des thèmes champêtres de la Bohème natale du compositeur. Après l’élan buccolique du premier mouvement, l’adagio plonge l’auditeur dans les brumes et l’interrogation. Véritable symphonie de “ romances sans paroles”, particulièrement dans le scherzo mélancolique, la 8ème symphonie n’en est pas moins d’une grande audace d’écriture harmonique. Les fanfares de cuivres qui ponctuent le dernier mouvement préparent, après des développements d’intensité croissante, à l'apothéose brillante du final.
Félix MENDELSSOHN (1809-1847)
Psaume 42 "Wie der Hirsch schreit"
1) Coro : Wie der Hirsch schreil - 6'38
2) Solo : “Meine Seele dürstet nach Gott“ - 2'26
3) Recitativo et aria allegro assai - soprano et chœur de femmes
“Meine Trânen sind meine Speise Tag und Nacht" - 3'50
4) Coro : allegro maestoso - “Was betrübst du dich, meine Seele** - 1'54
5) Recitativo : “Métal Golt, betriibt ist meine Seele in mir“ - 2'08
6) Quinletto : soprano et chœur d'hommes - "Der Herr hat des Tages verheissen seine Giite“ - 5'01
7) Schlusschor : maestoso assai - “Harre auf Golt !“
Soprano : Laurence Petit - Hautbois (n° 2) : Odile Callais - 4'49
Antonin DVORAK (1841-1904)
Symphonie n°8 en sol majeur, op. 88
8) Allegro con brio - 11'49
9) Adagio - 10'10
10) Allegretto grazioso - Molto vivace - 7'22
11) Allegretto ma non troppo - 9'45
Chorale et Orchestre du CHU de Rouen - Direction: Pierre Déchelotte
Enregistrement réalisé dans la chapelle de l'hôpital Charles Nicolle les 16 et 23 mars 2004.
Prise de son : François Casaÿs (Accès Digital. Rouen).